« La Corse est une île très agréable. Les anciens grecs la nommèrent Kallisté « la plus belle » et nous ne pouvons douter qu’elle ne fut en grande estime puisque Callimaque la met en parallèle avec son île favorite Delos. (…).
Elle est située dans la Mer Méditerranée, de la façon la plus agréable ; des brises, ses vents frais et légers qui viennent de la mer la rafraichissent pendant l’été ; et les montagnes sont tournées de telle sorte qu’elles lui sont un abri pendant l’hiver, ce qui rend son climat l’un des plus tempérés de l’Europe. Son air est frais et très sain ; mais en général on peut dire que les corses respirent un air très pur qui donne à leurs fibres une force qu’on n’attendrait pas d’un climat aussi chaud que celui-là. »
James Boswel - Etat de la Corse - suivi d’un journal d’un voyage dans l’Ile et des mémoires de Pascal Paoli – 1769
Un jour de l’année 565 (avant Jésus-Christ), les phocéens installent un comptoir commercial nommé Alalia (Aléria) sur la côte orientale. Des poteries et vestiges vinaires en témoignent, la culture de la vigne et les Vins de Corse sont, depuis des millénaires, partie intégrante de l’histoire de l’Ile. Transportons-nous à la fin du XIXème siècle, la viticulture est en plein essor mais elle va être touchée, comme l’ensemble de l’Europe, par le phylloxéra ; insecte, qui va détruire l’intégralité du vignoble. La saignée de la Première Guerre Mondiale, l’exode rural puis la Deuxième Guerre Mondiale entraînent de profondes mutations.
La Corse, pays viticole depuis 2600 ans
Le vignoble se restructure avec des cépages continentaux et se tourne vers une viticulture de masse répondant à une demande de consommation peu exigeante. Les cépages patrimoniaux résistent mais leur place diminue de plus en plus.
Dans les années 50 et 60, une première génération d’ampélographes et de vignerons prend conscience de l’importance des cépages autochtones. La collection du Domaine de Vassal sur le Continent (1959) et le Domaine Comte Abbatucci (1966) accueillent les premiers cépages autochtones qui avaient pu être collectés sur l’Ile.
Deux décennies plus tard, une génération de jeunes vignerons prend conscience de la nécessité de développer un patrimoine ampélographique incomparable. Nous sommes au début des années 80 et la renaissance du vignoble corse est en marche.
LA RICHESSE DU PATRIMOINE AMPÉLOGRAPHIQUE INSULAIRE
Dès 1968, Patrimonio obtient l’AOC, puis en 1976, l’appellation Vin de Corse voit le jour.
Niellucciu, Vermentinu, Malvoisie, Sciaccarellu, Barbarossa, Codivarta sont les premiers cépages insulaires à intégrer à des degrés divers les appellations ainsi créées. La route est longue, à la fois pour retrouver, définir et valider de nouveaux cépages patrimoniaux ; mais également pour faire connaître et déguster ces cépages, devenus de véritables ambassadeurs du savoir-faire des vignerons de l’Ile.
Aujourd’hui, AOC et IGP cohabitent et se complètent pour proposer un voyage organoleptique exceptionnels aux amateurs du monde entier.
Le vignoble corse a évolué au fil des évolutions culturelles et sociétales du Monde et a vécu toutes les vicissitudes historiques du bassin méditerranéen ; il a su toujours trouver les ressources qui lui ont permis de surmonter toutes les crises.
Avec moins de 1% de la production nationale, le vignoble corse est le plus petit bassin de production français ; On dit de lui qu’il est « le plus ancien des nouveaux mondes » ! Il a su puiser dans ses racines le meilleur de ses atouts pour devenir un vignoble à la pointe dans le paysage viticole mondial…
UN VIGNOBLE ET DES VIGNERONS D’UNE GRANDE RESILIENCE